Et mes yeux se sont fermés / Patrick Bard. - Syros
Et mes yeux se sont fermés n’est pas seulement un roman. C’est aussi un avertissement.
Patrick Bard, romancier qui a perdu un ami dans l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, nous livre le témoignage fictif de Maëlle, adolescente sans histoire, douée au lycée, un copain, une mère et une petite sœur qui l’aime. Elle n’a qu’une obsession : aider les autres, les faibles, les victimes de guerre. Elle veut faire de l’humanitaire dans ce monde qu’elle trouve égoïste.
Seulement, Maëlle devient la proie de Daech, ennemi insidieux qui se cache derrière Internet et les réseaux sociaux, qui gangrène peu à peu son cerveau. Ils se servent de sa colère envers ce monde qu’elle trouve injuste. Maëlle devient ainsi Ayat. Et dès lors, Ayat décide de partir en Syrie, persuadée d’y trouver un mari et surtout, le Shâm, la Terre Sainte.
Le premier chapitre de cette histoire relate comment la mère de Maëlle réussit à braver les dangers pour faire revenir sa fille.
Ensuite, se pose la question du désembrigadement. Comment s’en sortir après un lavage de cerveau de plusieurs mois ? Et surtout, comment Maëlle a pu devenir Ayat aux yeux de tous, sans que personne n’intervienne ?
Les témoignages se succèdent au fil des pages. Céline, la maman, mais aussi Jeanne la petite sœur, en passant par Hugo, le petit copain, ou encore le prof de français du lycée, sans oublier Aïcha, la responsable de la cellule de désembrigadement.
Le passage le plus fort de ce roman reste un des chapitres les plus courts. Celui de Souad, jeune lycéenne musulmane que Maëlle côtoie en croyant voir en elle une alliée de taille. Mais Souad n’est pas dupe, et d’ailleurs le lecteur trouve en elle le personnage le plus lucide de cette histoire, en témoigne ce qu’elle dit à sa camarade : « (…) Parce que ce qui compte, au fond, c’est qu’on doit pouvoir faire comme on veut du moment qu’on n’emmerde pas le monde. Vu ? Ce que je crois, ça me regarde. Et tu ferais bien de faire attention à ce qu’on veut te faire croire à toi. Parce que sinon tu vas te retrouver chez Daech en un rien de temps. ».
Les yeux de Maëlle se sont fermés, aveuglée par un islam radical; un concentré de haine et de manipulation.
Les yeux de l’entourage de Maëlle, ceux qui la connaissaient, la côtoyaient et l’aimaient, se sont fermés à leur tour. Personne n’a rien vu, ou n’a rien voulu voir. Esther
Date de dernière mise à jour : 04/09/2018
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